Des Mangemorts à Près-au-lard

Samedi 20 aout.

Une journée bien trop chaude pour la saison. Très peu de personnes circulent à près-au-lard. L’orage gronde au loin, il est 21 heures lorsque les nuages noirs font apparition dans le ciel, mais une bien triste marque les accompagnent. De longues lignes de fumées noires sortent de ce sinistre signe. Trois ou bien quatre, ou encore plus, personne ne peut regarder, toutes les fenêtres, tous les volets se ferment instantanément. Ils sont là. Ils vont tout détruire. Assoiffés de vengeance & de sang. Des mangemorts à Près-Au-Lard. Le seigneur des ténèbres leur a donné une mission, récupérer un livre. Ils ne feront pas que cela bien entendu. La destruction sera présente, en même temps que la mort & la douleur. Le livre se nomme « Les prophéties divines ». Ou le trouver ? Les mangemorts ne le savent pas. Que recèle-t-il ? Seul celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom le sait. Ils ont quartier libre pour récupérer l’œuvre tant convoitée, mais ils ne sont pas seul ce soir. Des aurors qui font partis de l’ordre sont présents, ils passent une soirée à « la tête de sanglier ». C’est une attaque surprise, personne n’est au courant de rien, seuls les quelques mangemorts concernés & le seigneur des ténèbres savent.

« Hermès affichait un sourire cynique. Il considéra tour à tour les mines mornes des élèves, avant de déclarer d'une voix froide et élégante : « L'heure de retenue commence. Bavardage interdit ». Le jeune homme fit rapidement le compte; une majorité d'élèves appartenaient à la maison Gryffondor. Celle-ci prônait des valeurs telles que le courage. Bien l'on remarquait cette bravoure dans l'immensité de leurs effractions et virées nocturnes. Plusieurs autres jeunes gens étaient vêtus des couleurs verdoyantes de la maison Serpentard. Hermès eut un de ses petits sourires bizarres. Il longea silencieusement les rangées de table, pensif. Quelques jours auparavant, dans cette même classe, il avait échangé un regard avec Lux Eden Watson. Il songea brièvement à la douce clarté de ses cheveux blonds, réprimant par la suite cette pensée profane d'un mouvement furtif de la tête. La jeune sorcière avait changé en deux ans. Non pas de manière significative, mais ses traits s'étaient affinés, sa silhouette était devenue plus sensuelle. Son regard surtout. Un rictus assombrit un instant le visage du professeur.

Il regagna son bureau. Un parchemin vierge était posé sur la table, accompagné d'une belle plume, disposée tout à côté. Hermès prit cette dernière entre ses doigts longs et fins. D'un air distrait, le mage la fit tourner habilement entre l'index et le majeur. Lassé, il ouvrit un manuel posé devant lui, intitulé sobrement « Les loup-garous ». Cet ouvrage provenait de la Réserve, où le professeur avait libre accès. Il prit rapidement connaissance des chapitres. Bien que le garçon soit parfaitement instruit, sa culture s'étendait plus sur le domaine vampirique que lycanthrope. Désirant écarter cette lacune, Hermès voulait se documenter de manière approfondie. Le sorcier débuta son étude au chapitre trois, paragraphe deux, tout en annotant des éléments essentiels sur son parchemin. L'écriture du mangemort était belle, fine et régulière. Le silence régnait dans la salle de retenus, ce qui était assez étrange. D'ordinaire, certains élèves se faisaient une joie de semer la zizanie, mais celle-ci était de courte durée en présence de Hermès. Quelques étudiants avaient le regard rivé vers les fenêtres. Intrigué, le garçon observa à son tour. Chose quelque peu inhabituelle; la journée avait été belle et chaude, et en peu de temps, le ciel s'était assombri. Cela ressemblait fortement aux prémices d'un orage, mais le professeur n'était pas dupe. L'heure s'écoula sans incidents notoires, et les élèves se dispersèrent.

Dix minutes plus tard, le jeune homme quittait l'enceinte de l'École Poudlard, s'enveloppant d'un geste impérieux d'une cape fine. Ce vêtement sombre, d'une qualité certaine, dissimulait habilement le professeur à des yeux trop curieux. Il se mit en route sans s'attarder une minute de plus. Hermès avait auparavant longuement observé le ciel. Un orage se préparait, cela était certain, mais de quelle nature véritable? Le pas du sorcier était vif et assuré, en dépit de l'obscurité qui tombait peu à peu. Éloigné de toute société, le jeune homme transplana. L'instant suivant, il se tenait aux abords du village Pré-Au-Lard. En ces lieux, la vie poursuivait son cours allègrement. Le mage couvrit sa tête de la capuche et s'avança dans les ruelles. Peu de gens lui accordaient grande attention, car le sorcier faisait preuve d'une discrétion efficace. Il se rendit à La Tête de Sanglier où il s'installa à une table, au coin de la salle. Le jeune homme attendait que le spectacle commence. Sa patience ne fut pas mise à dure épreuve, car dix minutes plus tard, ses compatriotes arrivaient. Le jeune homme avait depuis ce temps-là murmurait une incantation, qui lui permettrait de ne pas se faire remarquer. Il aurait été inutile de se mettre en danger. Finalement, la stupeur et l'effervescence succédèrent au calme ambiant. Le garçon reconnut au loin la voix meurtrière d'Alecto Carrow. Il eut un sourire narquois; la sorcière ne manquait jamais une occasion de transformer un village en pur boucherie. Personne ne faisait attention à la présence du professeur, comme souhaité. Ce dernier regardait silencieusement autour de lui, et aucune émotion n'était lisible sur son visage. L'indifférence la plus totale y était affichée. Le garçon se leva sans empressement, quittant l'établissement après avoir bu son verre. Hermès appréciait plus la recherche de livres. »

Du haut d'une colline qui surplombait le calme village de Pré-au-Lard, moi Lord Voldemort, je contemplais ce village, le lieu de notre mission. Si nous étions tous là, c'était pour récupérer un livre mythique pour moi, un livre si important, que je me devais de la posséder. Au loin Poudlard s'imposait du haut de ces hautes murailles, quelques torches éclairaient l'école, lui donnant un aspect presque fantomatique.
Autour de moi, mes Mangemort se montraient impatients, surtout certaines femmes, comme Bella et Alecto. A croire qu'elles étaient bien plus avides de sang que les hommes. Pour calmer leur engouement, je les foudroyais du regard, ce qui réduisît quelques peu leur impatience.
Ce soir était une nuit décisive dans mes plans, ce livre, je devais l'obtenir, mais en plus de cela, j'allais montrer ma supériorité au Monde Sorcier. Bientôt, ils trembleraient tous, encore un peu plus, face à l'entente de mon simple nom.
20h59, plus qu'une minute et le signal serait donné. Plus qu'une minute et Pré-au-Lard serait à feu et à sang. Toutes personnes qui se trouveraient en travers de mon chemin et de celui de mes Mangemort disparaîtrait dans les limbes de la mort. 21h00, les douze coups sonnèrent au loin, tandis que je donnais le signal à mes serviteurs.

« L'heure est venu. Chers Mangemort n'hésitaient pas à montrer notre supériorité. Massacrez, pillez, faites tout ce que vous voulez, mais si vous tombez sur ce livre, ramenez-le moi. Celui qui le fera sera dignement récompensé. »

Tous se précipitèrent alors dans les rues de Pré-au-Lard. Moi, je restais là, attendant le moment propice pour venir chercher ce livre. Je ne connaissais pas l'endroit où il se trouvait, mais j'avais quelques hypothèses à vérifier.
La Marque des Ténèbres flottaient dans le ciel, montrant ainsi à la région que notre menace était présente. Des cris se firent entendre, ce qui prouvait que le massacre venait de commencer. Je le savais, comment pouvait-il en être autrement, mes Mangemort n'étaient que des animaux sauvages avides de sang et de morts. Leur cruauté était sans précédent, tout comme leurs méthodes de tortures. Je n'étais pas comme eux, même si je tuais, je préférais éviter de faire couler le sang, le Doloris et l'Avada était bien deux bons sorts pour retirer la vie bien proprement.
Le temps commença à s'écouler, augmentant mon impatience, aucun n'était pour le moment revenu et même si les combats faisaient rages, le livre n'était toujours pas dans notre camp. Je transplanais alors jusqu'au milieu de la rue principale, qui était le lieu des pires combats. Mangemorts et Aurors s'en donnaient à cœur joie, créant dans ce lieu, un joyeux carnage. Je m'avançais alors, éloignant de ma personne, tous les sorciers qui tenteraient de s'attaquer à moi. Quelques stupides Aurors tentèrent bien d'engager le combat, mais je les éloignais aussi vite qu'ils étaient venus, les laissant tomber lourdement quelques dizaines de mètres plus loin.
La chaleur des rues accentuait par les flammes, contrastée avec le vent glacial qui s'était levé. Quelques boutiques, parmi les plus connus de ce village se trouvaient déjà en flamme. Moi, Lord Voldemort, je le savais, notre passage allait marquer pendant de très nombreuses années, les habitants de Pré-au-Lard.
Au fur et à mesure que j'avançais, je pouvais voir mes Mangemorts jouir de cette situation. Alecto se montrait très démonstrative dans la violence, à croire qu'elle avait oublié sa vraie mission. Tant pis, je la convoquerais plus tard, pour lui rappeler qui était son Maître.

Il était maintenant temps de rechercher ce fameux livre. Mes recherches ne se portaient pas vers une librairie, non c'était beaucoup trop simple. L'antiquaire du village me semblait bien plus approprier, après tous ces marchants de camelotes étaient toujours très bien fournis. Cela me ramenait quelques décennies en arrière, quand je travaillais pour Barjow et Beurk. Cette expérience avait été plus que enrichissante, surtout que durant cette année de travail, j'avais pu acquérir le médaillon de Serpentard et la coupe de Poufsouffle. Donc l'antiquaire n'était pas une mauvaise idée pour commencer des investigations.
Arrivée, devant la boutique, j'enfonçais la porte et j'entrais dans ce lieu. Les étagères étaient toutes pleines d'objets. Je lançais alors un sortilège pour faire amener à moi le livre, mais il ne vint pas. Cependant, je ne m'arrêtais pas là, après tout les livres anciens possédaient de nombreux sortilèges, il se pourrait que celui-ci en contient un aussi.
La fouille continua, mais pas bien longtemps, puisqu'une autre personne entrait elle aussi dans le magasin.

C'était l'été et en ce 20 août, il faisait chaud. Bien trop chaud. La canicule s'était abattue sur le pays. Par cette chaleur, on n'avait pas envie de faire quoi que ce soit. Pas envie de travailler. Pas envie de sortir et de se balader. Envie de rien. Il faisait tellement chaud qu'Emily n'avait même pas travaillé à ses potions. Pas une seule. Pas même une toute petite. Rien. Malheureusement, la jeune femme allait devoir sortir ce soir. Il y a une soirée entre Aurors d'organiser ce soir à La tête de Sanglier, l'un des pubs du village de Pré-Au-Lard, et la sorcière se devait d'y être. Pourquoi faire une soirée par une telle chaleur? Ce n'était pas une une idée judicieuse. Vraiment pas.

Il avait beau être aux alentours des 21h, il faisait toujours très chaud. Presque malsain. Heureusement que la jeune sorcière s'était habillée léger... Emily avait quitté son manoir en transplanant, apparaissant quelques secondes après dans l'une des ruelles du village de Pré-Au-Lard. L'apprentie Auror quitta la ruelle et apparue dans la rue principale. Celle-ci était pratiquement déserte. Par la chaleur étouffante qui régnait, il n'y avait rien d'étonnant. La jeune femme prit la direction du pub La tête de Sanglier. Au loin, le ciel s'assombrissait. L'orage menaçait d'éclater d'un instant à l'autre. Emily poussa la porte du pub et y entra. Des Aurors étaient déjà là, assis à une table. La jeune les rejoignit et les salua, un sourire aux lèvres. Elle commanda à boire et s'asseya avec les Aurors.

21h. Emily crut entendre crier. Personne ne bougeait. A-t-elle rêvé? Peut-être pas. Des éclairs de couleurs fusent. Il y a du grabuge! Les Aurors se décidèrent à réagir. Emily sortit sa baguette et se leva, avançant vers la porte d'entrée du pub. Une Mangemort entra et fit exploser le lustre. La jeune jeune se baissa par réflexe mais aussi pour éviter de se prendre des débris de verre. La jeune femme allait attaquer la Mangemort mais n'en eut pas l'occasion. Noir. Le pub venait d'être plongé dans le noir. On ne voyait plus rien. Lancer un patronus pour qu'il aille prévenir était risqué. Il signalerait sa présence. Pourtant, un Auror lança un sort à l'aveuglette et qui frôla Emily de peu, la faisant légèrement paniquer. Elle aurait mieux fait de rester chez elle...

La jeune femme était proche de la porte. Elle pouvait tenter de sortir mais c'était risqué. Emily lança un Bombarda à l'aveuglette, créant ainsi une diversion. Des bruits de pas. La porte s'ouvrit. Elle ne réfléchit pas et suivit les Aurors hors du pub. La jeune femme contra de justesse un sortilège. L'horreur régnait déjà. Il fallait prévenir l'Ordre...

Le professeur, toujours dissimulé, marchait tranquillement le long des bâtisses dévastées. Il n'accordait qu'une attention mineure aux maisons détruites. Alors que le jeune homme approchait d'un petit groupe de mangemort, il sentit un sort lui passer tout près de la joue. Le souffle provoqué par l'enchantement lui ébouriffa les cheveux, tandis que l'éclair l'aveugla un bref instant. Hermès se retourna lentement, observant le sorcier à l'origine du sort. Même en plissant les yeux, et en dépit de son acuité visuelle maximale, le jeune homme ne reconnut pas son adversaire. Viktor songea qu'il devait être un mage expérimenté, et il était navré de ne pas pouvoir livrer combat. Il s'inclina en sa direction, comme pour le saluer de sa prouesse, et poursuivit sa route. Le professeur se rendait à l'établissement tenu par Madame Pieddoddu, il emprunta donc la rue principale. Un carnage humain y régnait. « Jeune homme, jeune homme! ». Les échos d'une voix chevrotante parvint aux oreilles du mangemort. Intrigué, Viktor s'avança lentement vers la façade cramoisie de Derviche et Bang. En premier lieu, il jeta un coup d'œil à l'intérieur du magasin. Puis son regard tomba sur un sorcier entre deux âges, adossé contre la murette. L'air parvenait avec difficulté jusqu'à ses poumons, et l'homme crachait du sang par intermittence. Hermès se baissa pour soutenir le blessé. Celui-ci, victime d'une quinte de toux, s'accrocha au bras secoureur du garçon. Le professeur réussit à maintenir le sorcier redressé, afin qu'il puisse respirer avec plus d'aisance. Ceci fait, le mangemort aperçut plusieurs tâches pourpres présentes sur le corps de l'homme. La plus importante, située sur le torse, résumait la situation critique dans laquelle il se trouvait. Il n'y avait plus rien à faire pour lui. A l'instant où cette conclusion traversait l'esprit du jeune homme, le malade croisa son regard. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres. Hermès murmura quelques incantations, afin d'atténuer ses souffrances. Les traits crispés du visage de l'homme se détendirent un peu. « Vous... vous allez rester avec moi jeune homme? Ma... femme est à Londres. Je l'ai envoyée... là-bas avec mes deux enfants, je savais qu'ici c'était trop risqué. Je m'appelle Georg ». Le professeur n'avait pas pour coutume de faire connaissance avec des mourants. Néanmoins, il ne bougea pas, écoutant le blessé avec attention. Non pas que sa vie l'intéressait, mais Viktor tenait quelques principes. Ainsi, écouter les dernières paroles de Georg en faisait partie. La voix de l'arithmancien s'éleva à son tour, froide et élégante, presque « tranchante ». Le mourant sursauta au ton distingué, mais surtout glacial du jeune homme. « Enchanté Georg. Vous avez donc deux enfants? ». Après quelques crachats pourpres, le blessé répondit d'une voix mal assurée : « Oui, Anna et Peter. Ils sont... adorables. Encore jeunes, la petite a douze ans, et son frère huit. Ils... ils n'arrêtent pas de se chamailler, mais je suis sûr qu'ils feront de bons sorciers ». Les mains du garçon étaient rouges du sang perdu par Georg, ce dernier s'affaiblissant au fil des minutes. « Et... et vous mon garçon? Vous étudiez à Poudlard? C'est dangereux d'être... ici ». Viktor dévisagea son interlocuteur en silence. L'homme, qui n'avait pas lâché le bras sauveteur, aperçut des marques sombres situées sur l'avant-bras. Le garçon se taisait encore, tandis que Georg comprenait de quelle nature était son compagnon. « Comment...? Vous, vous êtes si jeune, vous ne pouvez pas... ». Hermès se redressa, un petit sourire cordial aux lèvres. Il acquiesça de la tête, croisant le regard horrifié du mourant. Oui, il était inhumain, dépourvu de sentiments. Oui, il pouvait être à l'origine de la mort de Peter et Anna. Oui, ce beau garçon ténébreux, pourvu de tous les charmes de la vie, de toutes les prédispositions, avait choisi le chemin le plus noir et obscur qui soit. « Oui, Georg. Mais reposez-vous maintenant. Votre famille est en sécurité, vous ne souffrirez plus ». Alors les muscles de l'homme se relâchèrent. Le professeur abaissa les paupières de Georg avant de poursuivre son chemin. Il n'avait ressenti ni peine, ni regret, ni désolation. Son âme n'avait pas été bouleversée, son cœur n'avait pas été ébranlée. Hermès songea rapidement, ne ressentait-il donc rien à la fin? Était-il comme son grand-père? Il finit par hausser les épaules, arrivant devant Les Trois Balais. Le jeune homme savait qu'elle serait là. Elle ne manquait jamais une occasion pour satisfaire ses désirs macabres. Here comes the lion. Dans Les Trois Balais régnait également le chaos, magnifiquement orchestré par Pandore Leskov. Viktor s'appuya contre une poutre tombée en plein milieu de la salle, contemplant cette belle démone. Mais il avait d'autres projets pour elle. Se mouvant silencieusement près d'elle, il l'attira discrètement à l'extérieur de la bâtisse. Profitant de l'effet de surprise, le sorcier plaqua la jeune femme contre le mur. S'emparant de ses lèvres, puisqu'il ne pouvait avoir son cœur, sa langue vint rageusement jouer avec la sienne. « Alors, on oublie ses priorités? »