Les journées se suivaient, mais hélas, elles se ressemblaient toutes : ennuyeuses et longues. Harry était arrivé il y a quelques jours dans la demeure de son parrain, au 12 square Grimmaurd, où il avait pu retrouver ses amis. Sur le coup, il avait été heureux de les revoir tous. Mais, la colère avait fini par reprendre le dessus, alors qu'il était resté tout l'été sans une seule nouvelle, sans une seule lettre de qui que ce soit. Après le retour de Lord Voldemort, le jeune garçon avait pensé que tout le monde viendrait le voir, cherchant avec lui un moyen de le protéger, et surtout une façon d'éliminer le mage noir une bonne fois pour toute. Mais, rien, silence radio total, excepté les coupures de journaux sur lesquelles on pouvait apercevoir son portrait et celui de Dumbledore, qui fuyaient se cacher derrière une porte, avec la belle mention "menteurs et fous" écrits au dessus. Le Ministère de la Magie essayait de démentir tous les propos de l'Elu, ne voulant pas déclencher la panique dans le monde de la sorcellerie. Quelle bande de cinglés inconscients, il fallait tout de suite prévenir la population. Combien de temps garderont-ils le secret ? Combien de temps arriveront-ils à trouver une explication ou une échappatoire au sujet de certaines affaires mystérieuses, comme ces prisonniers, ces mangemorts, évadés de la prison d'Azkaban ? Ou encore les deux détraqueurs qui avaient attaqué Harry près de chez son oncle et sa tante, fait pour lequel il avait du comparaitre au Ministère comme un délinquant, ayant frôlé son renvoi immédiat de l'école de Poudlard ? L'heure était à la guerre, et personne ne semblait prendre cette menace au sérieux. Sauf les membres de l'Ordre du Phénix. Quand Harry était arrivé chez Sirius, il avait pu en apprendre plus sur cette organisation secrète, rassemblant principalement des Aurors et des professeurs de l'école, qui avaient lutté contre Voldemort à l'époque, et qui étaient à nouveau réuni pour refaire la même chose. Harry aurait bien voulu en apprendre davantage, il avait même sollicité son intégration dans l'Ordre, expliquant qu'il était près à se battre. Mais, sa demande fut rejetée, et il n'avait pas d'autres choix que d'attendre jour après jour, errant dans la maison avec ses deux meilleurs amis, ou s'occupant du nettoyage pour les empêcher d'avoir des réunions secrètes avec eux.

Le soleil s'était levé depuis longtemps, mais Harry continuait de dormir, tout comme Ron, profitant des biens faits d'une grasse matinée après s'être couchés très tard la veille. Il n'y avait qu'à ce moment là de la journée que les adultes les laissaient tranquilles, et qu'ils pouvaient discuter de ce qu'il faudrait faire contre Voldemort. Cependant, si Ronald avait réussi à dormir, ce ne fut pas le cas pour l'Elu. Depuis le retour du mage noir, le jeune garçon avait très souvent des nuits agitées, il faisait d'étranges cauchemars, généralement le même, qui paraissaient très réels. Cette nuit encore, il s'était réveillé en sursaut, tremblant de tous ses membres, éprouvant une telle colère qui paraissait incompréhensible. Encore ce cauchemar, où il rampait sur le sol dans un long couloir sombre aux dalles noires, l'air glacial qui caressait son corps, jusqu'à arriver à une porte close. Et comme à chaque fois, après avoir arpenté cet étrange couloir qui lui paraissait familier, mais dont il ne parvenait pas à savoir où c'était, il se réveillait avant même de voir ce qui se cachait derrière la porte. Pourquoi était-il aussi en colère à son réveil ? Pourquoi ressentait-il de la haine alors que ça n'avait jamais été le cas auparavant ? Sa cicatrice le titillait de temps en temps, surtout après ces étranges cauchemars, mais la douleur était beaucoup plus supportable que celle de l'an passé, qui avait précédé le retour de Voldemort, et qui avait ressemblé à chaque fois à une lame de fer rouge et brûlante qui lui traversait la tête. Après s'être assuré qu'il n'était pas dans le couloir sombre, mais bel et bien chez son parrain, Harry finit ce qui restait de sa nuit, mais son sommeil resta agité. Bref, une nouvelle mauvaise nuit de plus depuis le mois de juin.

La voix d'Hermione vint troubler son sommeil léger, et Harry ne mit pas longtemps avant de se réveiller totalement. La fatigue se faisait sentir, mais il ne parvenait plus à se rendormir, alors autant se lever. Ron avait visiblement faim, à entendre les grognements de son ventre, mais il était le seul dans ce cas. Le jeune Potter ne partageait pas cette même envie, il voulait plutôt s'enfermer quelque part et réfléchir, ou discuter avec les membres de l'Ordre pour savoir où en était la situation à l'extérieur de la maison de Sirius, même si à chacune de ses tentatives, personne ne répondait à ses questions. Son meilleur ami sembla lire dans son esprit, car il comprit tout de suite qu'un petit déjeuner ne l'intéressait pas, mais que voir les autres l'intriguait davantage.

RONALD ¤ "On pourrait même en profiter pour espionner l'ordre, qu'en dis-tu ?"

HARRY ¤ "Tu crois encore qu'ils vont donner des informations comme ça, alors qu'on est dans les parages ? Il faut arrêter d'espérer, ils font tout pour qu'on ne sache rien, quoi qu'on fasse. Et ça commence à m'énerver, je me sens complètement inutile, alors que je devrais être près à me battre contre Voldemort".

Et oui, Harry était de mauvais poil ce matin, comme souvent ces derniers temps. Rien ne semblait expliquer cette colère et cette froideur qui l'habitaient, il était devenu irritable et distant sans que personne ne comprenne pour quelle raison. Et le comportement des membres de l'Ordre ne l'aidait pas du tout à se calmer. Sachant à quel point Ron ne supportait pas d'entendre le prénom de Vous Savez Qui, l'Elu n'y fit pas attention, et il se leva, puis s'habilla, prêt à sortir en compagnie de son ami pour descendre en cuisine. Arrivé sur place, Harry laissa Ron se jeter sur un verre de jus de citrouille, c'était d'ailleurs tout ce qui restait. Ils devraient maintenant attendre le déjeuner vu l'heure qu'il était, au grand dam du rouquin qui devait avoir très faim. Alors qu'ils allaient bientôt faire demi tour pour échapper à Molly Weasley et à ses tentatives pour les occuper, cette dernière leur tomba malheureusement dessus.

MOLLY ¤ "Et vous deux, allez l'aider !"

Aider qui ? Pour quoi faire ? Alors qu'ils allaient tous deux au salon, Harry vit Ginny qui commençait à vider une armoire pour la nettoyer, tandis que Kreattur passait par là, soit disant pour l'aider, tout en continuant de marmonner dans sa barbe, où on pouvait très bien entendre "traitre à son sang" et "sans de bourbe". Charmante créature, cet elfe de maison.

HARRY ¤ "Salut Ginny, tu vas bien ?"

Un peu de politesse ne faisait de mal à personne, et après avoir saluer la benjamine de la famille Weasley, qui avait flashé sur lui 2 ans auparavant en le regardant comme une minette devant son idole, Harry se dirigea vers une armoire à l'autre bout du salon, seul, et entreprit de la vider, même s'il n'en avait pas envie. Pendant qu'il effectuait sa tâche, il soupira, et finit par se retourner vers Ron, prenant un air penaud et désolé.

HARRY ¤ "Excuse moi pour tout à l'heure, je n'aurais pas du te parler comme ça. Je ne sais pas ce qui m'a pris".

Harry n'avait vraiment pas le coeur à faire du ménage, ni à faire quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Tout ce qu'il voulait, c'était prendre sa baguette, sortir, et lutter contre Voldemort auprès des membres de l’Ordre du Phénix. Mais voilà, quand on était l’Elu et quand on avait 15 ans, on était encore plus protéger que le plus fabuleux des trésors. Cela surprenait même le jeune garçon de n’avoir pas encore été enfermé à double tour dans un coffre de Gringotts. Il tournait en rond comme un lion en cage, sans rien faire, obligé de faire tout ce que Molly lui disait de faire pour occuper son esprit à autre chose qu’à se demander comment faire pour vaincre Vous Savez Qui. Frustré, Harry n’avait pas d’autre choix que d’obéir, comprenant quand même que Madame Wealey faisait ça pour le protéger de ses envies périlleuses, tout comme elle avait peur que ses enfants se mettent également en danger. Sa mauvaise humeur se répercutait sur les autres, tout le monde en faisant les frais, comme par exemple Ron qui venait d’être sa victime. Tout en vidant une armoire, il s’excusa auprès de son meilleur ami, s’en voulant de lui avoir parler de cette façon. Comme l’une des nombreuses fois où il s’en était pris à lui, Ron l’excusa sans chercher d’autre explication sur son comportement. Harry se contenta de baisser les yeux, reprenant son travail, avant que Ginny ne prenne à son tour la parole, pour signifier à tout le monde qu’elle était encore dans la pièce avec les deux garçons.

GINNY ¤ "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Harry se retourna vers Ginny, mais il secoua négativement la tête. Il appréciait beaucoup la petite soeur de Ron, mais il n'était pas aussi proche d'elle que de son frère. Il ne se voyait pas lui déballer tous ses problèmes, et d'ailleurs, il n'en avait vraiment pas envie. Lorsqu'elle était présente dans une salle avec Ron, Hermione et lui, le trio attendait toujours que la petite rouquine parte pour pouvoir parler de Voldemort, de ses possibles projets, et de ce qui pourrait être fait pour le stopper. Pour Harry, Ginny était un peu comme une étrangère, elle ne faisait pas partie des personnes privilégiées avec qui il partageait ses secrets. Il n'y avait que Ron et Hermione dans ce cas, ses deux meilleurs amis.

HARRY ¤ "Rien du tout. Je me suis juste un peu emporté, mais c'est passé".

Sans plus d'explication, Harry se retourna une nouvelle fois, reprenant sa tâche, ne se doutant pas que Ginny pouvait très mal pendre son attitude à son égard. Plongé dans ses pensées, le jeune garçon ne fit pas attention à Ron lorsque ce dernier était en pleine lutte contre un Doxy qui lui donnait du fil à retordre, prenant la fuite après l'avoir mordu. Ces sales petites bestioles étaient vraiment fatigantes, mais heureusement que le moyen de les neutraliser était simple et efficace, quoi qu'il fallait réussir à les prendre de vitesse avec la doxycide. Harry ne connut pas le malheur de Ron, mais ça ne saurait tarder. Alors qu'il avait presque finit de vider l'armoire, son meilleur ami s'approchait de lui pour tenter une nouvelle fois de faire la conversation.

RONALD ¤ "Au fait, tu ne m'as presque rien dit sur ce qu'il s'était passé à l'audience".

Harry stoppa ses gestes en se mordillant la lèvre brièvement, repensant à cette journée où il avait été à Ministère de la Magie en compagnie du père de Ron, pour assister à son audience auprès du Magenmagot pour une simple affaire de sort lancé par un sorcier de premier cycle. Grâce à Dumbledore venu le défendre, l'Elu avait réussi à ne plus être renvoyé de Poudlard, mais le comportement du directeur de l'école l'avait exaspéré. C'était pour cette raison que, à son retour, il avait paru à la fois soulagé mais également énervé. Jetant rapidement un oeil vers Ginny pour voir ce qu'elle faisait, Harry reporta son attention sur Ron, il se devait de lui expliquer ce qui s'était passé ce jour là, et surtout ce qui le perturbait à ce point.

HARRY ¤ "Mon audience a failli mal se passer, très mal. Fudge était un imbécile, il cherchait par tous les moyens à me faire renvoyer de l'école. Tout le Magenmagot était là, rien que pour moi, et je n'arrivais même pas à expliquer mon geste, Fudge me coupait tout le temps la parole, comme s'il avait hâte de me condamner. Il y avait aussi une bonne femme grassouillette à la voix stridente et insupportable. Elle était du même avis que Fudge, elle donnait l'impression que j'étais soit complètement cinglé, soit quelqu'un de dangereux qu'il fallait enfermer à tout prix. C'était horrible d'être traité de cette façon. Mais le pire, c'était Dumbledore".

Harry s'arrêta de parler quelques secondes, avant de continuer son récit, baissant un peu la voix comme s'il avait peur d'être entendu.

HARRY ¤ "C'est grâce à lui si je n'ai pas été renvoyé de Poudlard, il n'y avait que Fudge, cette horrible sorcière et quelques autres personnes seulement qui voulaient me condamner. Mais, il ne m'a même pas regarder une seule fois, il ne m'a pas adressé la parole. A la fin de l'audience, je l'ai appelé, il a fait comme si je n'était pas là, comme si je n'existais pas, et il est sorti de la salle. Son attitude m'a énervé, jamais il n'avait agit comme ça avant".

Rien que de repenser au comportement de Dumbledore l'énervait, et Harry ressentit une bouffée de colère l'envahir. Serrant sa mâchoire en fermant les yeux quelques secondes, un geste qu'il reproduisait souvent ces temps-ci, il finit par se détourner de Ron pour reprendre sa tâche. Depuis le jour de l'audience, il n'avait pas arrêté de penser au désintérêt d'Albus à son égard. Pour quelle raison l'avait-il ignoré ? Et en plus, sans lui donner une seule explication ? Soupirant, Harry termina de vider l'armoire, juste au moment où Ginny prit une nouvelle fois la parole en désignant le buffet situé au fond de la pièce.

GINNY ¤ "En tout cas, à votre place, je ne m'approcherais pas trop du buffet là-bas. Maman pense qu'il y a un épouvantard dedans. En tout cas, ça bouge beaucoup."

Un épouvantard ? Chouette, ça allait mettre un peu d'action dans ce long nettoyage monotone, et ça allait pouvoir lui changer les idées un court instant. Evidemment, si on disait à Harry de ne pas faire quelque chose, il s'arrangeait très souvent pour le faire. Surtout que s'ils ne faisaient rien pour cet épouvantard aujourd'hui, quelqu'un d'autre allait devoir s'en occuper dans les prochains jours à venir. Ayant appris à les combattre, c'était un jeu d'enfant pour l'Elu, même si la perspective qu'un détraqueur qui se baladerait dans la pièce n'était pas joyeuse. Au moins, il pourrait passer ses nerfs dessus.

HARRY ¤ "Je vais m'en occuper".

Têtu et recherchant les ennuis, voilà comment on pourrait décrire Harry. Celui-ci sortit sa baguette de la poche arrière de son jean, et s'avança lentement vers le buffet, pendant que Ron et Ginny restèrent derrière lui. A son approche, le meuble commença à bouger, tremblant comme si quelque chose voulait à tout prix s'en échapper, exactement comme l'armoire de Lupin l'année où il avait appris à ses élèves comment se battre contre un épouvantard. Inquiet quand même par ce qui allait en sortir, et oui un détraqueur ça faisait vraiment peur, Harry tendit sa main vers la poignée de la porte, et la tourna pour l'ouvrir. Aussitôt, il recula un peu, voyant sortir du buffet la créature sans visage, flottant dans les airs, où la seule chose que l'on pouvait voir sous son capuchon était sa bouche particulière. Levant sa baguette, Harry dut faire un gros effort pour imaginer une scène désopilante, comme Lupin le lui avait appris. Puis, il prononça "Riddikulus" dans la direction de la créature. Bingo, le détraqueur qui s'avançait vers lui s'emmêla les pinceaux, et trébucha à cause de sa cape, ce qui fit bien rire Harry, mais également Ron et Ginny, de voir cette créature se ridiculiser devant eux. Après quelques secondes de rire pendant lesquelles l'épouvantard s'affaiblissait, celui-ci finit par exploser, se transformant en une multitude de volutes de fumée, avant de disparaitre totalement. Harry baissa alors sa baguette, la rangeant dans sa poche, et se retourna vers le frère et la soeur Weasley, tout en se demandant s'ils allaient approuver ou pas ce qu'il venait de faire.