Il était décidément plus facile de continuer à fixer ses mains plutôt que de regarder Tonks, en ce moment. Ses mains ne portaient jamais de jugements... Et il n'avait pas envie de lire un quelconque jugement ou une quelconque émotion qu'il ne pourrait pas supporter dans ses yeux. Généralement, il ne disait jamais à personne cela... Il n'aimait pas le dire lui-même, il n'arrivait pas à le dire tout simplement. Pour preuve, le dernier mot, celui qu'il avait voulu prononcer était resté bloqué dans sa gorge. Il avait été incapable de le prononcer...
Il en avait assez parfois de tout cacher et voulait juste être honnête avec ceux qu'il considérait comme des amis, mais parfois on pouvait perdre ainsi des amis. C'était une chance que bien plus tôt dans son adolescence, ses amis ne l'avaient pas rejeté mais l'avait accepté comme il était... D'ailleurs il avait bien du temps à l'assimiler. Il s'était demandé pendant un temps pourquoi ils n'étaient pas pareils que les autres...

Pourtant, il ne faisait aucun doute qu'elle avait compris ce à quoi il faisait allusion, ce qu'il voulait lui dire... Il était bien trop confus pour pouvoir oser rencontrer le regard de la jeune femme, craignant immanquablement une réaction négative de sa part – bien au contraire de sa volonté évidemment, mais c'était toujours ainsi que tout le monde réagissait premièrement... Remus était lasse de toujours voir la même chose dans les yeux des gens, mais en même temps, il les comprenait. Il ferait assurément la même chose s'il était à leur place.
La peur les paralysait... C'était normal qu'ils aient peur, avec toutes les légendes que l'on cousait à propos des loups-garous... Cela ne les aidait pas, au contraire, à pouvoir s'intégrer. Et ceux qui auraient aimé vivre « normalement » ne le pouvait pas à cause de ceux qui venaient entretenir au contraire « ces légendes ». Fenrir Greyback, pour n'en nommer qu'un... Un seul était suffisant pour faire oublier le bien que pouvait faire les autres. D'ailleurs, c'était toujours ceux-là que l'on retenait le plus facilement. Comme si une seule mauvaise action d'un, effaçait tout ce que les autres pouvaient faire en bien.

D'habitude, c'était toujours les autres qui l'avait deviner à force d'observation sans doute. Ses maladies subites toujours à la même période de chaque mois faisait les gens se poser beaucoup de questions, du moins les personnes qui y faisaient attention. Le lycan accrocha fermement le bois du lit, conscient d'un seul coup qu'elles étaient moites et toujours faisant tout son possible pour ne pas regarder la jeune métamorphomage. Presque comme s'il essayait d'emporter avec lui, de scanner une partie du lit, d'en enregistrer les rainures que portait le bois. Il avait envie de s'enfuir, mais il n'arrivait même pas à bouger ne serait-ce qu'un seul pied, comme s'ils étaient englués dans le sol. Ses pieds étaient englués au sol et ce n'était pas tout. Il semblait également avoir comme une boule dans la gorge, l'empêchant de parler et une autre également au fond du ventre. Il aurait aimé être partout ailleurs, sauf ici, en cet instant présent. Alors il évitait à tous prix de relever les yeux pour croiser ses yeux. Le plus longtemps possible.
C'est avec un frisson, qu'il ne sut s'il devait mettre cela à son appréhension ou à autre chose, qu'il sentit une main se poser sur les siennes alors que la seconde lui relevait le menton pour qu'il ne puisse pas échapper à son regard... Non ! Remus ferma quelques secondes, instantanément, les yeux. C'était trop cruel... Elle allait le rejeter comme les autres, lui dire qu'il était un monstre et qu'elle ne voulait plus le voir et elle l'obligeait à le regarder dans les yeux !
Sa logique était pourtant erronée, comme lui fit comprendre sa Raison... Pourquoi poser une main sur les siennes si elle avait peur de lui... ? La raison lui en échappait... Il rouvrit les yeux.
La façon dont elle le décrivait lui sonna faux dans son esprit... Bien que cela le fit tressaillir. Il détourna les yeux. Il essaya du moins. A la place, il les ferma. Sa mâchoire se crispa et ses traits se durcirent. Une victime ? Certes. Mais cela n'enlevait pas ce qu'il était...

Qui plus est, il n'y avait qu'une petite poignée de gens qui le voyait ainsi, comme une victime. La plupart du temps c'était une abomination, quelque chose qui ne devait pas exister. Il avait appris à faire avec, à vivre avec. Aujourd'hui, il avait presque accepté. Et elle venait contredire tout cela... En fait, le portrait qu'elle fit de lui, il n'avait même pas l'impression que c'était de lui qu'il s'agissait... Mais d'un étranger. Il fut tenté de regarder par-dessus son épaule.
Comment pouvait-elle ne pas le voir comme d'autres le voyait... ? Comment ne voyait-elle pas directement ce qu'il était, en vrai, alors que beaucoup trop de monde à son goût ne voyait que le monstre qu'il était une fois par mois... ? Ils avaient peur comme s'ils craignaient qu'ils ne les attaquent en pleine rue sans même qu'il soit transformé. Comme s'il était un danger, comme si le monstre prenait le dessus sur lui même quand il n'était pas transformé... Pourtant il ne ressemblait pas à Greyback qui lui, sur son visage, on pouvait clairement voir la haine et la violence s'y inscrire. Remus, lui, préférait souffrir que de faire souffrir les autres... Néanmoins, entendre toutes ces qualités, non... C'était pire... Il ne les méritait pas. Il n'était pas habitué à les entendre et ils lui faisaient encore plus mal si possible, parce qu'il n'y était pas habitué. C'était impossible qu'elle le voit ainsi, alors que lui-même savait le monstre qu'il pouvait être...

« … Et si tu te trompais ? Comment tu peux en être sûre ?  »

Il n'était pas gentil, il n'était pas prévenant, non. Il n'était rien de tout cela et il fallait qu'elle ouvre les yeux... La preuve comment il avait réagit instinctivement quand elle était entrée ! Il ne se reconnaissait pas dans tout cela, ce n'était pas lui ! Il n'aimait pas les compliments...
Il se détestait, il se haïssait. En fait, il haïssait cette partie de lui qui voulait lui faire faire du mal, mais comme il ne pouvait rien contre elle, alors il se détestait lui aussi... C'était plus facile de détester quelqu'un que l'on pouvait voir, quelqu'un qui nous était renvoyé par son miroir.
… Mais elle, elle l'appréciait ! Qui sait, peut-être qu'au fond il sentait un certain danger et peut-être avait-il décidé de lui « avouer » cela parce qu'il espérait qu'elle allait se mettre à le détester et qu'elle allait s'éloigner au plus vite de lui ; peut-être qu'il s'attachait de trop. C'était un danger.
Cette fois, il put libérer son regard de son emprise et ne s'en priva pas. Il ressentait un malaise au fond de lui. Il n'aimait pas ma regarder trop et rester ancrer dans ses yeux trop longtemps. Il avait presque peur de ce qu'il y voyait. Il n'avait pas envie.
Il eut une amorce de mouvement pour lever le bras vers elle mais ce dernier retomba, inerte, à son côté.

« … Ça ne change pas ce que je suis... » murmura t-il en s'éloignant un peu comme si prendre un peu de distance lui permettait de ... « Je suis dangereux. Et on ne doit pas se rapprocher de moi, sous aucun prétextes, de peur d'être des parias vous aussi. »
S'il était vraiment humain, il refuserait de rester avec les autres, il ne ferait pas supporter cela à ses amis, s'il était vraiment conscient des sentiments des autres pour lui, il s'en irait et refuserait leur amitié et qu'ils supportent eux aussi sa condition vis-à-vis du regard des autres. Il était et serait toujours trop faible pour refuser l'amitié qu'ils leur portait ; comme s'il en avait besoin. Il avait toujours été trop faible.... Pourquoi donc continuait-il à vouloir se sentir encore un peu humain, malgré ce que la majorité pensait et disait des gens comme lui ? Pourquoi se battre ? S'il était aussi prévenant qu'elle le disait, il disparaitrait de leur vie pour les laisser tranquilles.
… Mais il avait tant besoin de se sentir vivant. Non... Il ne voulait pas être le monstre qu'ils disaient tous... Il n'était pas un monstre... Son cœur se serra d'une angoisse lancinante.
Pourquoi sa main ne tremblait-elle pas quand elle l'avait posé sur la sienne ? Et pourquoi n'y avait-il pas cette peur dans ses yeux quand elle le regardait, même après qu'il lui ait dit ce qu'il était. Enfin, dit entre deux mots.
Tant de questions sans réponses... Tant de questions dont il n'avait pas envie de connaître les réponses.
Complètement perdu, il recula de plusieurs pas pour se laisser tomber sur le lit et se prendre la tête à deux mains, une expression angoissée figée sur le visage. Impuissant, ne sachant plus rien de ce qu'il devait penser.

HJ : Ah ah, petit instant... De faiblesse. ça va commencer à être intérressant...

… Il aurait voulu se trouver seul, se trouver seul avec ses pensées, trop d'émotions semblaient se distiller en lui en cet instant. L'incompréhension la plus totale. Il ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas peur de lui. Généralement, les gens - et tout le monde – avait ne serait-ce qu'au tout début en apprenant la nouvelle, un léger mouvement recul, un léger sursaut ; la plupart des personnes ; il était habitué... Il n'avait rien vu de tel sur le visage de Tonks, presque comme si elle était déjà au courant ! Chose qui était totalement impensable et à laquelle il se refusait d'ailleurs de penser. Cela lui faisait presque peur, qu'elle n'ait pas eu telle réaction. Cela l'avait pris au dépourvu, littéralement, et il ne savait plus trop quoi penser. Il était décontenancé par sa réaction, même si au fond de lui il était toutefois rassuré. Elle n'avait pas eu peur, alors cela signifiait qu'ils pourraient peut-être rester amis... Parce qu'il était inutile d'ajouter que Remus aimait bien la jeune femme en amitié. Néanmoins...

Il ne savait trop pourquoi mais cela ne lui disait rien qui vaille... Il aurait presque préféré voit apparaître dans son regard une expression de frayeur ; il aurait préféré la voir reculer et prendre ses jambes à son cou... Il aurait juste aimer rester seul en cet moment, réfléchir à tout cela ; c'était déjà trop pour lui. Il avait déjà trop à penser là. Ce qui s'était échangé entre eux, comme paroles, l'avait totalement secoué. Mais en même temps, désirait-il vraiment être seul... ? La question demeurait bien plus profonde qu'elle ne l'était en apparences.

La sensation qu'il ressentait de même à l'estomac alors qu'elle ne faisait qu'effleurer son bras le rendait totalement incrédule et hors du contrôle de sa pensée. Peut-être qu'il réfléchissait de trop, en effet, mais cela faisait plus de trente ans qu'il était ainsi et il n'allait pas changer aussi facilement. D'ailleurs il n'allait pas changer tout court... On ne pouvait réellement pas vraiment sa nature. Comme le proverbe disait, le naturel revenait toujours au galop.

Le pauvre Remus ne savait même plus ce qu'il ressentait lui-même ou comment il devait ressentir, ou encore, ce qu'il devait faire ou dire. Alors il demeura silencieux, les mains nouées sur ses genoux, attendant qu'elle s'en aille... Probablement ? Non... Il ne le voulait pas vraiment. Il aimait bien sa présence. Elle l'apaisait, même s'il ne lui dirait probablement jamais. Il ne savait pas du tout à vrai dire ce que cela signifiait ou si c'était bien de sentir telle ou telle présence l'apaiser, mais quoiqu'il en soit, il n'avait assurément pas envie qu'elle parte. Il ne l'aurait cependant pas retenue si elle était en effet partie. Il n'était pas du genre à retenir les gens contre leur gré... Alors pour ne pas l'influencer d'aucune manière que ce soit, il garda les yeux fixés sur ses mains sans oser les relever. Il avait au moins relevé la tête d'entre ses mains, mais n'était toujours pas décidé à lever les yeux vers elle...

Sa tête se releva subitement lorsqu'il l'entendit parler et ses yeux s'ouvrirent d'incrédulité, une expression blanche sur le visage. Non, à moins que ce ne soit pas elle qui parlait... ? Si pourtant, il voyait ses lèvres bouger... Desquelles d'ailleurs il avait bien du mal à ne poser les yeux soudainement, même plus que d'habitude – C'était étrange... Cette impression qui revenait de l'envahir... Il amorça un mouvement pour se lever, trop brusque sans nul doute car une grimace se peignit sur son visage et il se rassit. Il ramena cependant son regard sur la jeune Métamorphomage, ne comprenant pas du tout où elle voulait en voulait en venir. Où était le rapport avec Bellatrix ?? Où était le rapport avec Bellatrix ? Il devait lui dire qu'elle se trompait et que le problème venait de lui parce qu'il venait toujours de lui, mais aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche. Il voulut également l'interrompre tandis qu'elle parlait, qu'elle disait n'importe quoi ! Mais il ne parvint à l'arrêter. Il dénota cependant la peine dans sa voix... Ne comprenait-elle pas qu'il souhaitait simplement la protéger de sa présence ?
Ce fut presque d'une voix douloureuse qu'il parvint à prononcer enfin...

« Nympha... Tonks... »

Prenant beaucoup sur lui-même pour faire un effort pour essayer d'être un peu plus sociable et moins récalcitrant, il tapota le lit à coté de lui d'une main hésitante pour lui dire de venir s'asseoir mais comme s'il craignait qu'elle n'ait aucune envie de se rapprocher, il se leva lui-même avec précaution pour ne pas réveiller ses blessures encore fraîches et tendit la main vers elle, pas sûr non plus qu'elle allait la prendre. « Ça n'a rien à voir avec Bellatrix, pourquoi ça en aurait ? », commença t-il d'une voix à la fois déconcertée et interrogative. Avait-elle oublié que Sirius faisait également partie de cette famille... ? Non, évidemment. « … On ne choisit pas sa famille... » reprit-il avec un léger soupir avant d'ajouter, comme à contrecoeur ou comme si cela lui était vraiment dur à admettre ou au moins à le dire. « … Le problème vient juste de moi, pas de toi... Je t'assure... »

Le problème ne pouvait venir au fond que de lui... Cela avait toujours été le cas. Il ne savait pas s'y prendre avec les autres, comment leur montrer son affection ; il n'avait jamais été habitué à pouvoir compter sur les autres et d'ailleurs c'était tant mieux... Parce qu'au final, on restait toujours seul, toujours seul face à l'adversité et face aux épreuves que la vie nous faisait traverser. Personne ne pouvait vraiment nous aider, il en était persuadé et d'ailleurs il n'en avait avait jamais eu la preuve du contraire ; il y avait des choses que l'on devait faire seul, c'était une certitude. Il n'avait jamais été habitué à compter sur les autres et cela n'aurait jamais lieu. Il ne leur imposerait jamais cela ; plutôt s'enfuir le plus loin possible et ne jamais revenir plutôt que de s'imposer à eux comme ça. Même s'ils le lui disaient, c'était tout simplement ainsi. Il ne pouvait, c'était contraire à ses principes. Jamais il ne leur demanderait quoique ce soit... C'était la moindre des choses.

Il ne quémandait ni l'amitié, ni rien ; cela se faisait avec certains, cela ne se faisait pas avec d'autres... mais jamais il n'irait s'imposer . De plus, il faisait cela pour eux. Peu de monde voulait avoir un loup-garou pour un ami et vis-à-vis de ce que la société pensait de cela et voyait les gens qui se rapprochaient des gens comme lui, il ne pourrait jamais l'accepter. C'était trop important. Si elle ne comprenait pas que c'était pour la protéger, alors elle n'avait rien compris du tout, et on ne le changerait pas ; il était comme cela.

Alors ce qu'il faisait, qu'elle le veuille ou non, c'était pour le bien de la jeune Métamorphomage. Il préférait encore seul que d'imposer ainsi sa condition, que de s'imposer ainsi. Il ne pouvait pas et ne pourrait jamais l'accepter. Alors elle pourrait bien être blessée, ou qu'importe comment elle pouvait se sentir, mais il savait une chose plus clairement que jamais, il ne forçait jamais les gens et ne leur imposait jamais rien, et encore moins s'imposer lui-même à eux. Après tout ne comprenait-elle pas ce qu'il était ? Elle avait forcément dû comprendre, même s'il n'avait parlé qu'à-demi mots, n'est-ce pas ? Jamais il ne ferait cela en s'imposant de la force. C'était à lui de porter le poids de ceci ; ses épaules y étaient habituées.

« C'est faux. » lâcha t-il dans un souffle brisé.

L'impression qu'il eut sur le fait qu'elle n'ait totalement compris ses mots fut amplifié par les paroles qu'elle dit ensuite. Une légère grimace apparut sur son visage alors qu'il secouait la tête de long et large et qu'il se passait une main sur le visage quelques secondes comme pour se permettre de réfléchir plus intensivement à la façon qu'il pourrait répondre. Elle n'avait absolument rien compris. Elle n'avait rien compris qu'il valait mieux rester loin de lui plutôt que de devenir amis … Avec lui. Il voulait juste la préserver, c'était tout. Et d'ailleurs, elle avait faux. Il y avait qu'avec Sirius vraiment qu'il était vraiment proches – ils se connaissaient depuis vraiment longtemps, et il ne pouvait pas dire qu'avec les autres il était « ami »... Connaissances encore. Mais des amis étaient censés se connaître par cœur... Or il ne pouvait pas dire qu'il connaissait les autres de l'Ordre par cœur. Pas comme il connaissait Sirius par exemple ?

« Je ne dis que la vérité. C'est très blessant que tu dises que je mens alors qu'en fait tu ne me connaisses pas assez pour pouvoir l'affirmer quand je mense ou quand je suis honnête. » affirma t-il avec l'impression qu'une boule tournoyait dans son estomac et se bloquait au fond de sa gorge lorsqu'il essayait de parler. « et ça veut dire quelque chose que tu le veuilles ou non, quand je dis que c'est uniquement moi qui est à mettre en cause. Tu ne comprends juste pas c'est tout et je t'en veux pas, parce que pour comprendre il faudrait que tu ais connu la même chose que moi... et je n'ai jamais dit que je ne voulais pas de ton amitié, c'est toi qui le pense ça. Pas moi. Il y a certaines choses qui sont difficiles pour moi, c'est tout, et je n'ai pas forcément envie d'en parler. Cela n'a rien à voir avec un manque de confiance ou le fait que tu sois parente avec Bellatrix... D'ailleurs, cela n'a totalement rien à voir.  » Il ne savait même pas pourquoi cela lui était venu à l'esprit.

… Il n'écouta même pas la suite de ses paroles tellement cela lui fit mal. Elle ne le connaissait pas, alors comment pouvait-elle affirmer avec certitude qu'il ne lui disait pas la vérité ? Elle n'en avait pas le droit non. Elle ne le connaissait pas pour pouvoir affirmer quand il mentait ou disait la vérité. C'était lui qui avait des raisons de se sentir vexé... Plus qu'elle d'ailleurs.
Il continua de secouer lentement la tête de long en large comme pour les effacer au fur et à mesure qu'elle les disait. Elle n'avait absolument rien compris. Rien du tout, et il se demandait même si elle pourrait un jour ne serait-ce comprendre... Après tout, c'était sans doute la jeunesse qui était ainsi... Oui, elle était certainement trop jeune pour envisager le monde à sa manière, et elle pouvait encore moins imaginer tout ce par quoi il était passé... Et le fait qu'il avait bien plus de mal que les autres – et encore plus qu'elle c'est sûr – à accorder sa confiance à quiconque. Après avoir levé les yeux ciel et passé une main fatiguée dans ses cheveux, il tourna le regard vers elle avant de parler...

« Et c'est faux. Des amis, je n'en ai pas tant que ça tu te trompes. Le seul véritable ami que j'ai eu jusque maintenant au sein de l'Ordre, ça a été toujours Sirius et tu sais très bien que cela fait très longtemps que l'on se connaît, que ce n'est pas une amitié... Récente. Un ami est quelqu'un qui vous connaît par cœur... et c'est le temps qui définit ainsi les vraies amitiés. J'ai confiance aux autres, mais ce ne sont pas vraiment des amis, juste des connaissances. Je n'irai jamais me confier à eux sur quoique ce soit parce que déjà ils ont autre chose à faire que d'écouter les divagations d'un vieux loup-garou. Je regrette et suis désolé que tu ne le comprennes pas ou que tu m’ait mal compris. Je ne repousse donc pas ton amitié alors que j'ai accepté celle des autres, c'est faux. Cela n'a rien à voir avec toi, je tiens juste à te préserver. » Il s'interrompit et fit une pause, reprit une profonde inspiration avant de reprendre, la voix angoissée... Il n'était pas habitué à tant parler... D'habitude même il ne disait rien, il gardait tout pour lui parce qu'il n'avait pas envie d'embêter qui que ce soit sur comment il se sentait... C'était dur pour lui de parler, presque aussi dur que lorsqu'un bébé apprenait à marcher pour la première fois. Il tombait, se relevait, puis persévérait...

« Je suis désolé que tu ne le comprennes pas mais je doute pouvoir m'exprimer mieux sur cela... » Il baissa les yeux quelques secondes, vint lui-même rechercher sa main et la laissa juste poser dessus. Il ne voulait pas quand même qu'elle croit qu'il ait peur d'elle alors qu'en fait, c'était de lui-même dont il avait peur. C'était toujours de lui que tout venait et cela viendrait toujours de lui. Il releva les yeux, les posa sur elle, essayant de lui transmettre son sentiment présent qu'il ne parviendrait sans doute à partager parce qu'il était inexprimable par des mots... Il avait tellement souffert qu'il lui fallait du temps pour vraiment appeler un ami par le mot « ami » et cela n'avait absolument rien à voir avec la jeune femme... (enfin, peut-être aussi cela avait-il à voir un peu avec ce léger tressautement qu'il sentait tout au fond de son ventre lorsqu'elle était près de lui?) Pas le moins du monde ; elle n'avait rien compris si elle pensait qu'il lui mentait... Mais alors rien du tout. Mais peut-être ne pourrait-elle jamais vraiment le comprendre ? Cela vaudrait mieux alors qu'elle se lève et sorte de la pièce et qu'elle évite par la suite sa présence... Assurément, comment pourrait-il lui en vouloir ?

« … Et les Poufsouffles ne sont pas niais. Jamais je ne l'ai pensé et jamais je ne le penserai... J'ai toujours eu beaucoup de respect pour tout le monde... Plus même que je n'en ai eu en retour », ajouta t-il en se souvenant subitement de ses dernières paroles, toujours dans la lâcher de son regard implorant. « … Ne me dis pas tu es le genre de personnes à penser toi aussi que les Poufsouffles sont qualifiés par leur niaiserie ? » reprit-il, en essayant (essayer je dis bien) d'esquisser un sourire. Si tel était le cas, alors lui aussi se serait vraiment trompé sur elle...

… Il ne l'avait toujours pas lâchée des yeux. Yeux dans lesquels d'ailleurs il avait l'impression de se noyer et dans lesquels il aurait ainsi pu rester longtemps. Pour un peu, il en oublierait de respirer.
Quelqu'un qui mentait, généralement, ou qui ne voulait pas être sincère avec vous, ne vous regardait jamais vraiment dans les yeux... Jamais.

PS : Se perds dans ses yeux...
Au suivant, je compte donner un ptit coup d'accélérateur...

Une impression étrange se faisait au fond de lui chaque fois qu'il rencontrait son regard, comme s'il n'avait pas envie d'en ressortir, comme s'il perdait dans ses yeux sans qu'il l'ait même commandé. Il ne parvenait pas à décrocher de son regard et n'était pas non plus décidé à ramener sa main vers lui.
Elle ne le comprenait et ne le comprendrait sans doute jamais dans sa volonté de s'isoler de lui-même afin d'éviter de mettre les autres en danger à cause de lui. Parce que ça, il ne cesserait de le penser ! Mieux valait ne pas trop se rapprocher de lui. Il ne prendrait pas ce risque... Et pourtant. Pourtant, il y avait quelque chose au fond de lui qui, dès qu'il était en la simple présence de la jeune Métamorphomage, semblait ne pas être tout à fait lui-même. Il semblait vouloir ou penser à des choses qu'il n'oserait penser en temps normal.

Il voulait qu'il soit amis, parce qu'il était de toutes façons hors de question d'imaginer plus – et déjà comment pourrait-on jamais vouloir de lui en quelque chose d'autre qu'un ami ? … D'ailleurs il ne savait même pas pourquoi cette question était venue sur le tapis... Il ne savait même pas pourquoi il y avait pensé. C'était la chose la plus ridicule qu'il n'avait jamais pensé. Quelque chose qui voulait l'avoir proche d'elle, parce qu'elle avait quelque chose... Quelque chose que lui n'avait plus... Sa jeunesse, sa joie de vivre, son sourire... Son rire égayait toujours. Cela remettait toujours du baume dans le corps de l'entendre rire... A moins que ce soit lui qui pensait cela ? Non, il n'était assurément pas le seul. Tout le monde le pensait. Il le savait. Quoiqu'il en soit, comment se faisait-il qu'il se sente si bien en sa présence, et pourtant si mal à son aise...

« Et bien, si certains pensent cela, ce sont eux les imbéciles... » … Et Merlin savait combien il y avait d'imbéciles dans le monde.

Il esquissa un sourire. Il détestait les gens qui se faisaient des idées trop rapides de certaines personnes ou d'une Maison quelconques... Comme à l'époque évidemment où ses amis « martyrisaient » Severus Rogue... Lui n'avait jamais rien fait, il savait trop combien telles choses étaient humiliantes envers lui ! Il n'empêche qu'il n'arrivait pas à se pardonner le fait qu'il n'ait jamais eu le courage de se lever contre ses amis pour leur dire une bonne fois pour toutes d'arrêter. Il ne pouvait pas tout simplement. Ils étaient trop importants pour lui et pensant qu'il aurait risquer de les perdre s'ils leur disaient cela, il avait préféré laisser faire. Il n'empêche qu'il s'en voulait un peu...

« Les Poufsouffles ont d'immenses qualités, comme celle d'accepter tout le monde qu'ils soient différent ou pas ; c'est bien dommage que certains ne le voient pas. Ce n'est pas un désavantage... »

Là, c'était bien indirectement un compliment à son adresse ! Lorsque sa main vint toucher sa joue, paume chaude contre sa peau, c'est comme si qu'un tourbillon venait de l'emporter. Il crispa sa mâchoire Il voulut faire n mouvement brusque pour se reculer mais n'y parvint pas. Tout comme il ne pouvait se détacher du regard de la jeune femme ou d'un coup il semblait y découvrir tant d'émotions à la fois, tant de vie... Chose qui lui manquait tant. Son regard à lui était toujours maussade, comme s'il souffrait en permanence. Pourtant il n'empêchait pas de rester toujours très chaleureux et empli de douceur comme s'il gardait tout en lui de cet amour débordant qu'il était condamné à ne garder qu'en lui-même, que jamais personne vraiment ne pourrait goûter. Il ne savait pas pourquoi, il se sentait faible d'un coup.

Il fut saisit d'une faiblesse. Hypnotisé par son regard, il se sentit attiré par une force invisible. Une seconde durant laquelle tout vacilla, une seconde où il ne savait plus rien. Une seconde suffisante pour laisser son inconscient décider à sa place. Avec l'impression que son cœur voulait lui échapper de la poitrine, son visage se rapprocha encore un peu et ses lèvres touchèrent celle de la jeune femme. Il ne savait pas pourquoi. D'un seul coup, ses derniers mots résonnant dans son esprit, il … Elle était si gentille avec lui et cela était tellement rare – encore plus rares étaient les moments de tendresse qu'il avait connu – il ne réfléchit pas. Il ne comprit pas ce qui se fit en lui... Il avait peut-être juste besoin de tendresse, d'amour, ou alors cela venait d'ailleurs, de plus profond. Ses lèvres se scellèrent aux siennes, attirées comme un aimant. Tout sembla aller vite. Un incendie se déclencha dans son ventre et son bon sens vacilla. Tout d'abord hésitantes, ses lèvres se firent plus insistantes, pressantes contre les siennes...

Il aimait la voir sourire, il aimait l'entendre rire et son timbre de voix lui donnait toujours envie de sourire. C'était normal pour un ami non ? On était heureux de voir nos amis sourire, rire avec nous et on était tout simplement heureux de les voir. C'était sans doute uniquement cela. Il n'y avait rien d'étrange à se sentir si heureux par juste un sourire. Elle était gentille avec lui, elle ne le repoussait pas comme d'autres, elle ne le repoussait même après qu'elle ait appris pour.... Pour a 'maladie'... Elle avait quelque chose qu'on appréciait forcément et qui donnait chaud au cœur... Oui il n'y avait sans doute pas à chercher plus loin !

Il y avait des choses qui ne se contrôlaient pas. Il n'aurait su dire ce qui l'avait guidé, il n'aurait su dire non plus ce qui s'était passé dans son esprit... Il ne savait pas non plus pourquoi il s'était ainsi laissé aller, mais vraisemblablement il s'était produit quelque chose, un déclic en lui pour qu'il agisse de la sorte. Etait-ce le fait de la pleine lune qui agissait encore sur lui en le rendant encore plus vulnérable aux vents violents que déchaînait parfois la passion ? Pourtant il ne ressentait rien d'autres qu'une profonde affection envers la jeune femme n'est-ce pas ? Ils n'étaient qu'amis... Juste amis et il ne serait jamais rien d'autre pour elle. Non. Jamais. Amis, juste amis... Il ne pouvait de toutes façons pas lui donner autre chose. Il en était incapable et de plus, il ne ferait souffrir de sa condition personne d'autres autre que lui. Il avait trop à cœur le bien de ses amis. Il voulait les voir heureux. Il aimait les voir sourire. Et il était certain qu'il ne pouvait rendre heureux personne.

Il n'était même pas capable d'être heureux lui-même, alors c'était peine perdue que d'essayer même d'imaginer de rendre heureux quelqu'un d'autre. Non, ce n'était pas pour lui et ne le serait jamais. Il se satisfaisait amplement de l'amitié qu'il recevait de ceux qu'il considérait comme ses amis et cela ne devait pas être gâché par quoique ce soit. Pourtant est-ce qu'on embrassait un ou une amie, sur la bouche qui plus est ? Et était-il possible de ressentir un désir soudain pour quelqu'un que l'on considérait comme un ami ? Remus ne se posait pas toutes ces questions. Il se les poserait sans doute le lendemain ou plusieurs jours plus tard, quand bien même essaieraient-il de l'oublier, de ne plus y penser, mais pour le moment ses capacités de réfléchir étaient – pour une fois – totalement déconnectés.

Il y avait son cœur et son corps d'un côté, et son cerveau de l'autre. Et son cœur, qu'ils soit en ce moment plus vulnérable à cause de la pleine lune, voulait ressentir toujours plus ce qu'il ressentait en cet instant présent. Il ne pensait à rien d'autres... En même temps, il voulait comprendre. Alors, peut-être que pour essayer de comprendre cet étrange phénomène, il fallait aller plus loin... En même temps il avait peur d'aller plus loin. Il ne savait pas quelle serait sa réaction mais apparemment, lorsque leurs lèvres se rencontrèrent, elle sembla loin de se dérober. Bien au contraire... Se sentant encouragé il approfondit le baiser. En fait, non, il ne contrôlait même pas ses lèvres, elles agissaient toutes seules ! C'était elles seules qui décidaient de tout...

Il ne contrôlait plus rien. Le baiser devint plus passionné, plus enfiévré et là, il ne contrôlait vraiment plus rien. A quel moment son esprit avait-il été déconnecté de son corps ? Il n'en avait strictement aucune idée. En tous les cas, son corps réagissait juste par instinct, juste à ce qu'il ressentait en lui-même et à rien d'autre. Il n'avait pas envie de se poser de questions pour le moment et il ne s'en posait aucune. De légers frissonnements lui parcouraient le corps lorsqu'il sentit les mains douces et chaudes de la jeune femme se poser sur son torse et comme si ce n'était soudain plus assez, ses mains se glissèrent dans son dos à la recherche de plus de contact. Ce geste la rapprocha sensiblement de lui. Evoluant dans un amoncellement d'émotions et de sensations, à la recherche du moindre contact humain comme s'il voulait juste se sentir lui-même humain, ses mains se frayèrent un chemin sous le haut de la jeune femme pour entrer en contact direct avec son corps.

Ne sachant plus non plus ce qu'il faisait, il bascula la jeune femme sur le lit sans relâcher ses lèvres et en continuant de laisser ses mains caresser la peau douce et chaude d'un corps beau et non marqué par les aléas de la vie ; un corps qui plus que tout lui représentait perfection, beauté (et désir) mêlés... Il ne savait pas pourquoi tout en même temps il ressentait tant d'émotions en même temps, mais en tous cas, ça marchait : il se sentait de plus en plus vivant, plus que jamais auparavant il ne s'était sentit...

Pour une fois qu'il se sentait aussi vivant, il n'avait pas envie d'arrêter déjà... Et de toutes façons, il était tout bonnement incapable de réfléchir.